CROISIERE EN GALICE JUILLET/AOUT 2007
Cela faisait 20 ans qu’Annick et moi en rêvions. Quand nous avions acheté notre Kelt 8,50 en 1984, nous avions tout de suite démarré la première année par une croisière jusqu’aux Anglo-normandes, Guernesey et Sercq, la seconde année jusqu’aux Scilly. Une traversée du golfe de Gascogne était envisageable mais nous ne l’avons pas faite avec ce bateau, peut-être que les enfants étaient trop petits ? Etant encore en activité, ne prenant l’été que trois semaines de vacances, cela était aussi un peu juste au niveau temps.
Il a donc fallu attendre d’avoir notre Atlantis 370 « Retour de Galbord » et d’être libéré de mes obligations professionnelles pour traverser ce golfe qui semblait me narguer le matin à chaque réveil en regardant par la fenêtre.
Au salon nautique de Paris en décembre 2006, je me suis rendu au stand de la Galice où j’ai pu glaner de précieuses informations sous forme de guides des rias et des ports mais aussi des choses à faire dans cette belle région comme la visite de Saint Jacques de Compostelle avec ses chemins et la route des fromages et des vins, bref tout un programme. Sur le plan purement navigation je me suis aussi procuré l’indispensable guide nautique Imray : Espagne Portugal de El Ferrol à Gibraltar.
Le 31 Décembre dernier avant le réveillon à Briare chez ma belle-mère je me vois encore rentrer dans mon GPS portable que je fixe au poste de barre tous les way-points qui me semblaient utiles à ce périple. J’appelais aussi Bruno mon beau-frère de Briançon pour savoir s’il était toujours partant pour cette virée ; quelle question, évidemment qu’il l’était !
Fidèle à mes rendez-vous quotidiens du soir sur les sites STW et Hisséo, quelques intervenants évoquaient eux aussi leur future virée de l’été en Espagne, et un soir un dénommé Jyse de son pseudo pensait partir pour la Corogne des Glénan et recherchait d’autres bateaux qui feraient le même parcours mi-juillet. Je me mis aussitôt en contact avec lui et un visu fut organisé le week end suivant aux Glénan. Il était en vacances le 13 Juillet et devait être rentré pour le 15 Août au plus tard, nous nous n’avions pas d’impératifs de date et guettions une fenêtre météo de 4 jours de vents ni trop forts ni trop bouts. Le 14 et le 15 nous revoyons « Ma Banga » et son équipage à l’apéro au mouillage de la Pie, Jean-Yves, Dominique son épouse, Julien leur fils et Charles son copain sont en stand-bye et pensent partir le 16. Nous, nous préférons attendre que le vent mollisse un peu et prenne de l’ouest. Le lundi les prévisions annoncent pour le mercredi du sud-ouest F.4 virant ouest puis des vents plutôt faibles, nous nous dépêchons d’appeler Bruno qui arrivera en train à Lorient le 17 à minuit. Pendant ce temps là Jean Yves nous appelle à 14 h mardi pour nous dire qu’il est parti des Glénan au près dans du SW 5 à 6 et une mer forte.
Mercredi 18 Juillet
Départ de l’Aven à 14H30, vent SW 13 nds, il tombera progressivement au point de mettre le moteur à 21H. Nous nous apprêtons à passer notre première nuit, des quarts de 3H sont organisés. Il n’y a pas de lune et nous ne verrons pas non plus de bateaux, par contre nous entendrons le Crossa Etel à la VHF pendant une bonne partie de la nuit.
Bruno à la barre, à l'horizon l'embouchure de l'Aven s'éloigne |
Jeudi 19 Juillet
6H30 nous croisons notre premier cargo par 46°50 et 4°45. A 8H24 nous croisons un troupeau de globicéphales. A 9H ayant 6 à 7 nds de NW nous établissons le spi, nous ne le garderons que 2H. Le ciel bien ensoleillé depuis le départ a tendance à se couvrir de nuages et ils s’accumulent dans le SE en prenant un caractère orageux, nous entendrons le tonnerre à 14H45. A peu près au même moment nous le saurons à l’arrivée, l’équipage de « Ma Banga » verra d’assez près des trombes se faire aspirer par les nuages, mais ils étaient plus dans le SE du golfe. A 15H30 nous voyons au loin des baleines et leur souffle d’eau. A 21H enfin le vent rentre par l’ouest et nous pouvons mettre toute la toile au près. Comme par hasard un thon de 6 Kgs vient mordre à la ligne alors que nous accélérons grâce au vent rentrant. C’est une réelle satisfaction pour tout l’équipage et en particulier du pêcheur Bruno de voir sa patience récompensée avec une si belle bête, après l’avoir assommé et vidé il rejoindra la jupe pour la nuit.
Le premier thon est à bord |
Vendredi 20 Juillet
Nous aurons réussi à faire toute la nuit à la voile au près bon plein mais à 9H30 il tombe et re-moteur. Nous remettrons la toile de 17 à 23H. Cette journée ne sera marquée par aucune rencontre, le désert le plus complet.
Samedi 21 Juillet
A la fin de la nuit vers 4H, on aperçoit le halo du phare de l’Estaca de Barres est visible dans le SE et peu après le halo des lumières de la côte. Dès le lever du jour la haute silhouette du cap Ortégal se détache à l’horizon et peu après nous longerons cette côte jusqu’à l’arrivée dans la baie de la Corogne.
Prêt à hisser les couleurs espagnoles |
Après avoir dégusté une nouvelle portion de notre fameux thon afin d’être opérationnels pour l’arrivée, un appel sur le portable de Jean Yves nous apprend qu’une place nous attend à la Darsena de la Marina. Après avoir passé la fameuse Torre de Hercules, puis la longue digue nous laissons de côté la Marina A Coruna aux pontons délabrés et le Castillo de San Anton. Effectivement, une fois passé l’entrée, nous voyons Jean Yves et le Marinero qui nous guident vers la première panne côté Est, nous sommes à côté d’un magnifique X55 occupé par un couple d’Hollandais avec trois jeunes enfants. Il est 14H, nous aurons parcouru 369 M. en 71H30 pour 37H de moteur.
La tour d'Hercule et les premières habitations de la Corogne |
Dans la soirée, rapide découverte de la ville, en tant qu’ancien revendeur Stihl, je ne suis pas dépaysé avec les Timbersports qui se déroulent sur la place centrale, que de bruits avec ces énormes tronçonneuses qui résonnent dans cette magnifique place. Dès la soirée, on constate qu’on a changé de pays, que de monde dans les rues on est bien dans un pays latin presque méditerranéen, la fameuse bière « Estrella Galicia » coule à flot et les tapas y raciones sont à tous les coins de rues. Nous faisons connaissance avec les raciones de calamares dans un bistrot pour autochtones avant d’aller profiter d’un repos bien mérité après cette traversée.
La Plazza de Maria Pita envahie par Stihl et ses Timbersports |
Dimanche 22 Juillet
Le coup de vent prévu sur les fichiers météo avant le départ commence à se manifester et ce sera une journée pluie, nous en profitons pour emprunter le tramway qui fait le tour de la presqu’île avec une magnifique vue sur le front de mer et qui s’arrête à la plage
Le Paseo Maritimo et la plage en plein centre ville |
Nous terminons la soirée dans un bar d’étudiants au décor médiéval, El Feudo, recommandé par le guide du Routard, mais dimanche n’est pas samedi soir et l’ambiance est moindre que la veille.
Lundi 23 Juillet
Le coup de vent annoncé sur Finisterre était F.8, nous aurons un bon 6 dans le port il est vrai bien abrité du SW. La Corogne est souvent le port d’aterrissage des voiliers qui partent pour une année sabbatique voire plus, ce qui donne une ambiance très sympathique et dépaysante pour des plaisanciers qui doivent retourner en France trois ou quatre semaines plus tard. Ainsi Yannick du Chatam 330 « Moana » se présente à notre bord, ce n’est pas tout à fait un inconnu puisque il y a deux ans nous avions aperçu son bateau à Bréhat et après un contact sur Hisséo en début d’année il nous faisait parvenir des photos de « Retour de Galbord » quittant son mouillage de la Corderie. Lui et sa petite famille partent pour un tour d’Atlantique en passant par la Casamance livrer des fournitures scolaires et médicales avec « Voiles sans frontières ». Yannick est très heureux de voir comment est aménagé le grand frère de « Moana » et dans la soirée nous visiterons le 330. Un autre bateau nous interpelle, il s’agit d’un Alliage 56 tout neuf qui doit rejoindre son propriétaire en Tunisie et qui a du relâcher à cause d’une casse de barre de flèche. Yves notre fils ayant travaillé dans ce chantier à l’étude des aménagements de l’Azzuro 56 dans le cadre de son stage de fin d’année, le skipper me présente une personne du chantier qui a connu mon fils et me fait visiter ce superbe bateau à l’intérieur que personnellement je trouve un peu froid. Bref le monde est petit à la Corogne.
L’après midi sera consacrée à la visite du phare de la tour d’Hercule aux blocs de granit très impressionnants. La soirée se poursuivra par l’apéro à bord de « Ma Banga » et un dîner qui rassemblera les deux équipages au restaurant O TANAGRA .
Les deux équipages réunis |
Mardi 24 Juillet – 52M
Départ à 8H30 pour Camarinas, Jean Yves et l’Alliage sont partis vers 7H, dès le passage de la pointe de la tour d’Hercule la mer est très formée avec des creux de 3 à 4M le vent debout de 7 à 8 nds nous oblige à continuer au moteur. Nous longerons à bonne distance la côte jusqu’aux îles Sisargas puis nous piquerons SW en direction du Cabo Villano en passant devant la ria de Corme et Laxe. Une particularité de toute cette côte et nous en ferons l’expérience tout au long de cette croisière, c’est les centaines d’éoliennes qui couvrent toutes les crêtes, les Espagnols ont une sacré longueur d’avance sur nous pour les énergies renouvelables.
Nous arrondissons le cap Villano afin d’éviter le haut fond « Las Quebrantas » où la houle déferle et nous visons le phare de Punta de Lago aligné avec son amer au 108. Nous arriverons à 17H30 aux pontons du charmant port de Camarinas accueillis par une dame qui parle un peu français.
Le Cabo Villano |
Camarinas |
Surprise vers 20H30, quelqu’un tape aux hublot et quelle n’est pas notre surprise de voir notre copain Noël avec sa compagne, ils étaient arrivés une demi-heure plus tôt sur un magnifique Feeling de 13M, mais ne connaissant pas le bateau de son amie, nous ne l’avions pas reconnu.
Ils viennent de faire toutes les rias au sud du cap Finisterre et regagnent la France. Nous nous disons encore une fois que le monde est petit.
Mercredi 25 Juillet – 36,4M
A la différence de Jean Yves parti de bonne heure pour rallier Baiona directement, nous irons en deux étapes comptant relâcher dans la ria de Muros. Nous profitons donc de la matinée pour faire quelques courses au village, faire le plein de gas-oil, nous mettrons 176l ce qui nous donne une consommation moyenne de 3,4l à l’heure à 2500T/mn. Nous visiterons également le Feeling d’Elisabeth et Noël, un beau bateau typé course/croisière qui a gagné le spi Ouest France à sa sortie de chantier.
13H, départ toujours sans vent en direction du fameux Cap Finisterre, le pendant pour nous finistériens de notre pointe du Raz, mais il est beaucoup plus haut (299m) et beaucoup plus impressionnant avec quand même les forts courants en moins. Une chose d’ailleurs nous étonne en Galice, c’est de ne pas trouver facilement les horaires de marées qui chez nous sont sur tous les comptoirs des commerces ayant un rapport avec la mer. C’est vrai que l’amplitude est beaucoup plus faible.
Le cap Finisterre |
Du cap Finisterre à la ria de Muros, il y a deux hauts fonds où la mer déferle : le Bajo de los Meixidos et Los Biuyos, il existe un passage à terre, mais nous préférons les arrondir par l’ouest. A 19H nous contournons la Punta Carreiro et son mont remarquable pour mouiller une demi-heure plus tard devant la plage de l’Ensenada de San Francisco. Nuit tranquille mais beaucoup d’animation sur la plage qui paraît être une station balnéaire très fréquentée.
Jeudi 26 Juillet – 44M
Traditionnellement, ce jour étant celui de la sainte Anne prénom de mon épouse et de ma fille, et veille de mon anniversaire, nous nous arrangeons pour être aux Glénan et dîner chez Castric ; cette année nous en sommes loin et la journée démarre mal le démarreur refusant de lancer le moteur. Depuis quelques temps il fallait s’y reprendre à plusieurs fois pour le lancer, mais là rien à faire. Coup de fil à un mécano Volvo Penta à Quimperlé qui diagnostique une défaillance du relais de masse propre aux bateaux alu, en shuntant au tournevis les deux pôles nous réussissons à le faire partir, nous verrons comment réparer cela à Baiona.
Le balisage des dangers en pleine mer est ici inexistant contrairement aux côtes bretonnes, on trouve rarement nos bouées cardinales et à une distance de 3 à 5M il n’est pas rare de trouver ici des hauts fonds que nous débordons prudemment. Nous laissons à bâbord les îles Salvora et Ons protégeant respectivement les rias de Arosa et Pontevedra pour passer le canal del Norte entre les îles Cies et l’extrémité de la péninsule de Morrazo. L’île del Norte, l’île del Faro et l’île de St Martin composant les îles Cies nous tendent les bras mais nous préférons rallier Baiona et les visiter en remontant.
En vue des Iles Cies |
L’entrée à Baiona peut se faire de deux manières en venant du nord, le plus court est d’emprunter le canal de la Porta, mais les instructions de l’Imray signalent un haut fond à 90cms et un autre à 10cms nous préférons reconnaître les deux bouées balisant les dangers de Las Serralleiras et le groupe d’îles et de rochers de Las Estelas où la houle déferle dur. A 19H nous nous amarrons aux pontons du Puerto Deportivo à côté de « Ma Banga »
Aussitôt amarrés, je démonte le relais de masse et je constate que les contacts à l’intérieur de la tête sont pleins de carbone ; un bon nettoyage et grattage suffiront à tout remettre en ordre et le moteur redémarrera au quart de tour.
Vendredi 27 Juillet
Le skipper a 57 ans, journée cool à la découverte de la ville port de retour de la fameuse caravelle « Pinta » commandée par Martin Pinzon lieutenant de C. Colomb et première ville d’Europe à apprendre la découverte du Nouveau Monde. Nous visitons d’ailleurs la réplique de ce bateau et on est étonné d’apprendre que 26 hommes d’équipage vivaient dans un si petit espace pendant 8 mois. Balade le long des remparts du Castelo Monte Real avec une magnifique vue sur les îles Cies et la baie de Baiona, puis de la ville elle-même avec de belles ruelles à arcades. Le soir nous fêterons mon anniversaire au resto : Meson Fonte de Zeta trouvé grâce au guide du routard et où nous dégusterons les fameux Navajas, autrement dit les couteaux qui pullulent aux Glénan mais que nous délaissons faute de savoir les cuisiner, promis juré au retour on s’en occupe pour la grande marée de fin août.
Sur les remparts de Baiona |
Nous faisons aussi la connaissance d’un couple de brestois à bord d’un Evasion 36 qui reviennent du Portugal, cela fait 25 ans qu’ils traversent chaque année le golfe de Gascogne, son skipper Bernard, me fait voir la carte de détail du canal de la Porta et on voit le fameux haut fond juste au milieu ce qui permet de passer sans problème d’un côté ou de l’autre.
Samedi 28 Juillet – 18M
Depuis que nous avons quitté la Corogne le soleil ne nous a pas quitté et la chaleur va crescendo malgré tout 15 Nds de N nous permettent de hisser les voiles. Nous passerons comme tous les bateaux sortant de Baiona le canal de la Porta et nous abatterons pour rentrer dans la ria de Vigo. Les quais du port de Vigo semblent interminables et c’est le port d’embarquement des véhicules Citroën produits à côté ainsi que des éléments de l’Airbus A380. Un peu plus au fond nous faisons connaissance avec les premiers « viveiros » sortes de pontons rectangulaires qui abritent les élevages de moules, nous en verrons dans toutes les rias et leur odeur de goudron est très caractéristique. Nous nous dirigeons vers le fond de la ria remarquable par le pont suspendu de Rande qui en fait la séparation avec l’Ensenada de San Simon où nous nous rendons.
Après le pont, passé avec toujours une pointe de « suspens » bien que le tirant d’air soit de 38m et le nôtre de 15, les fonds remontent très vite. Nous allons vers l’île de San Simon derrière laquelle nous mouillons dans 5m d’eau, à marée basse il n’en restera que 1m80, vive le dériveur intégral. Cette île est en quelque sorte fortifiée avec 4 ou 5 quais d’accostage et un joli pont de pierre qui relie les deux parties. C’est une propriété privée mais on peut débarquer tout près sur la plage de Cesantes.
Au mouillage derrière l'île de San Simon |
Dimanche 29 Juillet – 14,8M
Tour de l’île en annexe à marée basse et visite de la plage, puis l’après midi départ pour les îles Cies. Après le pont de Rande le vent se lève d’W et nous permet après quelques bords devant Vigo de rallier directement le magnifique mouillage de la Playa Arena das Rodas sur beau fond de sable et de retrouver « Ma Banga ». Un premier débarquement nous permet de découvrir le lagon qui sépare l’île del Norte de l’île del Faro.
Le lagon |
Lundi 30 Juillet – 17,2M
Nous laissons Jean Yves partir vers la ria de Pontevedra et descendons à terre visiter l’île. Les sentiers sont bien balisés et après une incursion sur l’île del Norte jusqu’à la Punta Muxiero, nous rallierons l’île del Faro par la petite digue reliant les deux îles et irons jusqu’au phare de la Punta Canabal tout en visitant le mouillage situé à l’W de l’île Vinos.
"Ma Banga" au mouillage des Iles Cies |
Vers 14H30 départ pour Combarro avec 10 nds d’W. Nous laissons la ria de Aldan à tribord et rentrons dans la ria de Pontevedra. Nous garderons les voiles jusqu’à la hauteur de Raxo où nous croisons « Ma Banga » qui revient de Combarro et qui se dirige vers Sanxenxo, un contact VHF nous apprend qu’il n’y a pas assez d’eau pour lui à Combarro. Après avoir contourné l’île Tambo nous y mouillerons par 4m50 d’eau à 18H15, nous devrions avoir 1m50 à marée basse.
Au mouillage de Combarro |
Descente à terre à 20H. Visite du village très pittoresque et authentique malgré les nombreux commerces de souvenirs. Chaque maison du bord de mer a son grenier à grain en granit surélevé typique de la Galice. C’est aussi le pays du fameux vin blanc « Albarino » dont nous dégusterons quelques bouteilles par la suite. Pour l’instant, dîner de piments de Padron et de Zamburinas (sorte de pétoncles) sur la terrasse du Bar Aqui Te Espéro devant le port. De grands travaux d’extension du port sont en train d’être réalisés comme nous le constaterons un peu partout en Galice. La Xunta de Galicia a apparemment bien négocié les fonds européens et profite de ceux-ci pour améliorer les ports de pêche avec de beaux pontons à rendre jaloux nos pêcheurs bretons, mais surtout de nombreuses pannes destinées à la plaisance qui y est en plein essor, de quoi rendre fous les professionnels de la plaisance en France, il n’y a aucun mal pour un plaisancier à garer son bateau, il n’a que l’embarras du choix !
Les greniers à grain en granit de Combarro |
Mardi 31 Juillet – 45,5M
11H15, départ pour Porto Novo par vent de SW de 12 à 22 nds et ciel un peu bouché. Nous tirons des bords pour gagner l’entrée de la ria quand devant Sanxenxo nous voyons Jean Yves en sortir, après contact VHF nous décidons de le suivre dans la ria de Arosa. Une fois la Punta Cabiscastro passée nous pouvons choquer les écoutes et allons reconnaître O Grove puis Cambados où il n’y a pas de place pour nos bateaux. Nous décidons donc de rallier Villagarcia en contournant l’île d’Arosa, mais nous en sommes refoulés le port étant plein. Finalement nous irons à Villanova où nous trouverons deux places avec un accueil très sympathique des marineros à 20H15. Un repas improvisé : patates natures et jambon des Hautes Alpes ramené par Bruno réunira les deux équipages.
Mercredi 1er Août
Journée de repos à Villanova, c’est d’ici que nous décidons de nous rendre à St Jacques de Compostelle et il nous faut trouver un moyen de locomotion pour se rendre à Villagarcia prendre le train. Aucun de nous ne parle espagnol et c’est vraiment un handicap car même les jeunes ne parlent ni le français ni l’anglais. Cependant les gestes et quelques mots empruntés au dictionnaire nous apprennent qu’il y a un bus le lendemain matin. Entre temps un des marinero nous propose deux VTT qui sont à la disposition des visiteurs, nous en profitons pour aller visiter l’île d’Arosa reliée au continent par un pont de 2kms. Au retour le directeur du port, qui parle anglais, à qui nous demandons où se trouve l’arrêt de bus nous propose de nous amener avec sa voiture à Villagarcia le lendemain matin à 8H30 précises. Nous sommes sous le charme de l’accueil de ce port qui sera le meilleur de tout notre périple.
Jeudi 2 Août – 6M
Conduits directement à la gare, nous prenons le train pour St Jacques et une demi-heure plus tard nous y sommes. Notre « pélérinage » commence par les vieux quartiers et les petites ruelles qui mènent à la Praza do Obradoiro, la grande place pavée de granit dominée par l’imposante façade de la cathédrale, nous n’aurons pas l’occasion de voir le lourd encensoir balancé au-dessus des fidèles, nous ne l’aurons qu’en photo. Nous visiterons aussi le musée des Pélérinages avec une reconstitution de l’évolution de la cathédrale au cours des siècles.
Saint Jacques de Compostelle |
Etant en visite la semaine suivant celle des festivités de la Saint Jacques, nous ne verrons pas beaucoup de pélerins arriver, mais l’animation est partout dans la vieille ville. Suivant les bons plans du guide du Routard, nous dégusterons les escargots à la Galicienne de « Los Caracoles » rue Raina.
De retour à Villanova je laisse tomber mon portable dans le port ! J’ai décidément du mal à les faire durer plus d’un an.
Sur les conseils que nous avait donné Noël à Camarinas nous voulons mouiller pour la nuit à Cabo Cruz, mais le vent montant à 22nds nous préférons aller à Caraminal. Ayant pris une place provisoire je suis allé baragouiner avec le marinero qui me disait qu’il n’y avait plus de places alors que le tiers des places étaient inoccupées, à force de palabres et de patience il m’indique finalement un emplacement. Un bateau de 30 pieds immatriculé à Paimpol arrivé après nous n’aura pas cette chance et devra passer la nuit à l’ancre devant les pontons sans être abrité du vent qui dépasse les 20nds. Nous le reverrons plus tard et ils me diront qu’ils avaient aussi été refoulés de Villagarcia et qu’ils n’avaient pas fermé l’œil de la nuit.
Vendredi 3 Août – 40M
Départ à 11H avec vent de NE 20 à 25 nds. Nous virons la tourelle de la Punta de Cabio et visons le passage entre l’île Rua et l’île Jidoro puis le canal de sortie de la ria de Arosa. Nous préférons ne pas tenter le passage à terre de l’île Salvora qui nous le saurons le soir sera passé par « Ma Banga » et « Kyndell IV » l’Evasion de Bernard connu à Baiona, les deux équipages s’étant retrouvés la veille à Ribeira. Le vent tombera progressivement puis reviendra un peu à l’entrée de la ria de Muros que nous retrouvons. A 19H nous arrivons à Portosin où nous sommes accueillis par Jean Yves et Bernard qui pour l’occasion débouche une bouteille de Champagne, elle est pas belle la vie !
Le soir nous profiterons de la terrasse panoramique du Yacht Club pour admirer le superbe coucher de soleil sur une magnifique vue d’ensemble de la ria.
Samedi 4 Août – 5M20
Découverte de Portosin, pas vraiment de caractère à ce village, le port de pêche est très sale comme quasiment tous les ports. Nous sommes vraiment très étonnés du manque de prise de conscience des espagnols de la pollution. Tous les commerces donnent pour un rien des sacs plastique… que l’on retrouve bien évidemment dans l’eau ainsi que les bouteilles vides et d’autres emballages jusque très loin en mer. Il n’est pas étonnant qu’après une tempête d’hiver on retrouve sur nos plages de Bretagne sud une majorité d’emballages d’origine espagnols.
Les courses seront assez laborieuses, les commerces étant en hauteur, pas moyen de trouver de poissonnerie, un comble pour un port de pêche.
A 15H nous partons pour Muros avec un petit vent d’W qui nous permet de tirer direct sur le port. Nous mouillons dans l’Ensenada de Muros assez loin du port mais au calme, par contre les fonds remontent brusquement de 8 à 2 mètres en l’espace de 10 mètres, nous nous y reprenons à deux fois pour faire crocher l’ancre, mais nous verrons tous les autres bateaux arrivés après faire de même, nous serons finalement 14 bateaux pour la nuit. C’est le genre de mouillage à éviter si le vent change de direction la nuit ; heureusement il y aura un calme plat.
Par contre pas de calme plat sur le port avec un super concert de rock en plein air, nous sommes impressionnés en visitant le site de la quantité de bouteilles d’alcool (whisky, gin, vodka etc..) qui sont préparées dans les stands à côté évidemment des futs de bière d’Estrella Galicia, la nuit s’annonce chaude.
Muros est très jolie avec la particularité de maisons à arcades dont le rez de chaussée est en contrebas du niveau de la rue. A 18H sur le port s’ouvrent des échoppes de marée où nous pouvons acheter des étrilles et des colinots que nous dégusterons à bord le tout arrosé d’Albarino bien frais.
Dimanche 5 Août – 43,3M
Au réveil, le décor est féerique car le brouillard enveloppe toute la baie laissant filtrer les premiers rayons du soleil, je me dis que ça y est, nous allons avoir notre première journée sans visibilité arrivant régulièrement ici l’été, mais non et dieu merci nous n’en aurons pas eu une seule durant notre périple. Le soleil dissipant les derniers bancs de brume nous levons l’ancre à 9H30 pour Camarinas.
Muros au petit matin |
Après la Punta Queixal nous prenons le canal de Los Meixidos contrairement à l’aller. Le vent de NW rentrera jusqu’à 22 nds puis faiblira progressivement au large du cap Finisterre, nous obligeant à faire route au moteur sur Camarinas que nous atteindrons à 17H40. Je trouve quelques similitudes entre l’entrée de cette ria et l’entrée de l’Aber Wrach, une côte pas très haute, des récifs où la houle déferle, des alignements à prendre et au bout un super port bien abrité. Avec en plus ce soir un vrai crachin breton qui tombe d’un coup alors que nous venons de prendre une des dernières places disponibles.
En effet, ce soir c’est la fête car c’est l’étape du jour du tour à la voile de Galice, comme notre Tour’duf, et c’est la municipalité qui régale au Yacht-club : sardines grillées, patates à l’huile, gâteau galicien, café, pousse café, le tout bien arrosé de vin rouge et blanc, bref de l’ambiance et tout les plaisanciers de passage sont invités. Décidément cette escale nous plait bien…
Lundi 6 Août
Internet est disponible avec un monnayeur au yacht club et les fichiers météo consultés décident Jean Yves de partir pour le retour, nous le saurons plus tard, sa première journée sera pénible à cause de la houle et des bords à tirer pour dépasser le cap Villano et surtout son pilote rendra l’âme devant la Corogne l’obligeant lui et Corentin son équipier du retour à se relayer à la barre. Mais l’Oceanis 411 est un bon bateau de près et 72H après il arrivera aux Glénan.
Nous occupons la journée à préparer le bateau, pleins d’eau, gas-oil et bouffe pour un éventuel départ le lendemain. Bernard est là aussi, mais lui ne partira jamais avec des vents de Nord ou Nord-Est, l’expérience de 25 ans de traversée du golfe.
Mardi 7 Août – 36,9M
Départ à 10H25, vent de NE 15 à 23 nds, vent debout nous établissons la trinquette pour passer le cap Villano mais nous comprenons vite que dans ces conditions exécrables pour un D.I., on n’ira pas plus loin que Corme de plus une couture de la bande UV du génois lâche et en rentrant la GV les conditions optima pour la rentrer sont loin d’être réunies avec cette bôme à enrouleur et nous abîmons une latte.
Nous mouillons donc à Corme à 18H devant la playa de la Arnela et nous procédons aux réparations.
Mercredi 8 et Jeudi 9 Août
Nous sommes bloqués avec un vent de 29 nds de NE dans les rafales, nous en profitons pour visiter le patelin et échanger des moules avec les ouvriers qui travaillent sur les viveiros contre une bouteille de blanc, ils sont très sympas.
Vendredi 10 Août – 50M
Enfin le vent se calme, NE 15 à 20 nds. Le départ du port sera mouvementé car un pêcheur du coin a déposé une ligne de casiers devant nous et en remontant l’ancre nous nous apercevons que ses bouts se sont emmêlés au bout de notre chaîne à 10 m de l’ancre, faut dire que vu le vent nous en avions mis 45m. Tant pis nous sommes obligés de jouer de l’Opinel. Enfin en mer, le premier bord nous mènera au large des îles Sisargas et le deuxième directement en baie de la Corogne. Y ayant passé 3 jours à l’aller, nous décidons d’aller à la Marina Sada dans la ria de Betanzos où nous arrivons à 19H.
Samedi 11 Août
Repos à Sada. C’est une très grande marina au fond d’un superbe plan d’eau et des travaux en cours vont presque doubler sa capacité, tous les services dont a besoin un bateau sont présents et il y a même à proximité un supermarché Carrefour, nous ne sommes pas dépaysés. La personne du port rencontrée pour les formalités parle français comme vous et moi, il est espagnol mais a passé son enfance à Paris, nous discutons avec lui de son pays qui est très beau mais pour nous gâché par le non respect de la nature par les espagnols, il est d’accord avec nous, mais la prise de conscience sera sans doute encore longue.
Vers 19H nous voyons arriver Bernard qui est parti le matin de Camarinas, il pense comme nous rallier Viveiro le lendemain.
Dimanche 12 Août – 56,4M
N’ayant pas d’impératif de retour et constatant que la traversée retour à partir de Gijon n’étant que de 270M soit un peu plus de 50 heures, nous décidons de suivre Bernard qui opère toujours de cette manière profitant de plus de ce qu’il appelle l’effet « fer à cheval » que dessine sur ce parcours la chute du plateau continental propice à la pêche au thon, faut dire qu’il est équipé avec 6 lignes possibles à poste grâce à des tangons… un vrai pro.
Nous partons donc de Sada à 8H, Bernard émerge aussi et nous suit à une demi-heure. Vent NE 3 à 10 nds dans le pif donc moteur. Paysages magnifiques. Sortie de la ria de Betanzos, passage devant El Ferrol puis tous les caps : Cabo Prior, ria de Cedeira, Punta Candeira, magnifique et imposant Cabo Ortegal, ria de Ortigueira où Bernard passe très près de la côte pour éviter les courants contraires (1 à 1,5nds) et enfin le Punta Estaca de Barres. A ce niveau coup de VHF de Bernard qui nous somme d’emprunter le passage à terre de l’île Coelleira, ce que nous faisons bien sûr juste au cul de « Kyndell IV ». Après cette passe nous entrons dans la très belle ria de Viveiro et après avoir contourné la jetée du port de pêche, nous empruntons le chenal d’accès au port de plaisance où nous trouvons la dernière place disponible du ponton visiteurs vers 19H.
Arrivée sur la ria de Viveiro |
Petit tour à terre pour voir les abords du port qui sont récents et sans grand cachet. L’algéco du responsable du port étant fermé et partant le lendemain de bonne heure, nous ne pourrons nous acquitter de notre droit de passage.
Lundi 13 Août – 21M
Départ à 8H30, grand beau temps, cela devient très habituel, vent nul. Deux solutions s’offrent à nous pour rallier Gigon distant d’un peu plus de 100M, soit mettre le cap de suite, soit passer à Ribadéo, puis Luarca, nous choisissons cette dernière option.
Nous passons la pointe Roncadeira puis le port industriel de San Ciprianu, quand tout à coup à l’approche des rochers de Los Farallones le moteur fait un gros bruit et cale. Nous venons de prendre un espèce de « Big bag » de grosse toile plastifiée qui était entre deux eaux. Je décide de mettre combinaison, masque et tuba, mais n’étant capable que de « snorkelling », pas de véritable plongée en apnée, je ne peux que constater les dégâts, ce qui reste du sac recouvre l’hélice et de l’arrière du bateau l’hélice se situant à environ 1 mètre, en ayant fixé un opinel au bout d’un manche j’arrive à enlever quelques morceaux. La houle rend cela difficile mais quel bonheur de voir « le grand bleu », comme dans le film l’eau est limpide et c’est super de voir la coque du bateau et sa dérive à l’antifouling bleu baignant dans cet autre bleu.
Ayant fait environ 10M, le vent étant quasiment nul et connaissant la ria de Viveiro et la plage à l’entrée, nous décidons de retourner à la voile sur nos pas. Finalement nous aurons entre 2 et 5 nds de vent, mais 1 à 1,5 nds de courant la marée montant qui nous permettront à 16H de mouiller à la plage de Grallal à l’entrée du chenal du port. Je recommence avec masque et tuba et après un peu plus d’une heure, je réussis à dégager l’hélice Maxprop, mais il reste encore des morceaux autour de l’arbre et du coupe-orin, ce qui nous permet quand même de rentrer au port au grand étonnement de Bernard qui y était resté. Ce soir il y a aussi beaucoup d’autres français dont le 30 pieds immatriculé à Paimpol qui n’avait pas trouvé de place à Caraminal.
Mardi 14 Août
Force 8 sur la zone, finalement nous sommes très bien à Viveiro, nous en profitons pour faire le ravitaillement car le 15 et le 16 sont fériés, et un plaisancier ayant fait venir le camion de fuel, nous complétons le nôtre avec 60L à 1 Euro. Lors de la consultation des fichiers météo au cybercafé, nous constatons qu’une fenêtre de trois jours se profile pour Jeudi, les autres bateaux ont les mêmes infos et nous décidons de partir jeudi matin, tant pis pour Gijon.
Aux pontons de Viveiro |
Mercredi 15 Août
Le vent descend d’un cran mais des averses de vrai crachin breton se succèdent, nous en profitons pour visiter la vieille ville qui est très jolie avec des vestiges de l’époque de Charles Quint : la Porta de Carlos V. Au téléphone, nous joignons mon fils qui avec un copain venaient en Galice faire du surf, ils sont à Ribadéo et nous rejoignent dans la soirée. Yves est un très bon plongeur en apnée et il dégage ce qu’il reste du sac autour de l’arbre d’hélice, je serai plus tranquille pour le retour et les petits jeunes ont bien gagné un denier resto en Espagne, à nous les Navajas et les Chipirones ! De plus il y a la fête en ville avec deux scènes et deux concerts, tout ce qui faut pour ravir deux jeunes de 23 ans…
Jeudi 16 Août
8H45, c’est le départ pour la traversée retour, le Navtex nous donne pour Finisterre N 3 à 4, pour Cantabrico NW 3 à 4 , dés la sortie de la ria le ciel se dégage avec un vent de NW 12 à 16 nds, tout dessus au près bon plein, cap au 35 sur Penfret ; par contre la mer est forte. Nous sommes une dizaine de bateaux à avoir pris la mer, Bernard nous suit à un demi mille et nous communiquons par VHF. A 15H nous rencontrons un globicéphale et un peu plus tard des dauphins. En début d’après midi le vent tombant nous mettons le moteur. A 20H45 au bout de 12H nous avons parcouru 63M et à 4M dans l’Est nous voyons des jets d’eau de baleines. Dans la soirée nous entendons Bernard nous appeler mais nous avons beau lui répondre manifestement il ne nous entend pas, ses appels dureront encore toute la journée du lendemain, tant que nous serons à sa portée, à l’arrivée nous contrôlerons la nôtre avec le sémaphore de Beg Meil, la réception étant fort et clair nous avertirons Bernard par téléphone pour lui signaler le mauvais fonctionnement de la sienne. La nuit sera calme et déserte.
Vendredi 17 Août
A 8H45 nous avons parcouru 132M, et Bruno m’apprend qu’il a raté un thon, il l’a ramené jusque dans la jupe mais au moment de le remonter dans le cockpit, l’hameçon s’est accroché dans le tableau arrière et la bête s’est décrochée, voilà ce que c’est de vouloir tout faire seul ! Nous sommes tous très déçus mais la patience du pêcheur sera récompensée puisqu’à 11H30 un autre mord et celui là on ne le lâchera pas, de plus il sera encore plus gros que celui de l’aller.
Encore une belle prise |
La journée sera encore sans vent, décidément pour faire ce genre de traversée et passer entre deux dépressions il vaut mieux disposer d’un bon moteur et avoir une bonne autonomie en carburant. Le message Navtex de 14H nous prévoira du 5 à 6 d’W /SW avec rafales pour la nuit. En attendant le repas du soir sera délicieux, sur les conseils du skipper du bateau voisin de Viveiro, Etelois et petit fils d’un pêcheur de thons du temps des dundees, nous avons découpé les flancs de la bête, ce sont les fameux filets passés au four arrosés d’huile d’olive, un vrai régal.
A 18H nous verrons encore des souffles de cétacés, un globicéphale et à 19H des dauphins joueront un bon moment à l’étrave.
A 19H42 il ne nous reste plus que 100M à faire.
Samedi 18 Août
Vers minuit le vent commence à rentrer nous permettant de mettre le génois, vers 3H nous commençons à croiser des cargos et même une cathédrale de lumières : un paquebot, à son approche son halo à l’horizon était très impressionnant. Avant que le jour se lève nous distinguons les halos des phares d’Eckmülh à Penmarch, de Penmen à Groix et de Goulphar à Belle Ile et sur le canal 16 la VHF nous annonce force 7 sur la zone avec rafales, la fin du voyage s’annonce un peu plus rude.
A 7H, le vent commence à monter et nous préférons affaler la grand voile très difficile à gérer plein vent arrière, nous garderons le génois enroulé de moitié. Le vent s’établira à 30nds, pendant 10 minutes nous verrons même l’anémomètre monter à 40 nds, ce sera très grisant mais aussi très fatiguant de barrer dans ces conditions, le bateau dépassera plusieurs fois les 10 nds et une vague se brisera même sur le tableau arrière profitant d’une faute d’inattention de ma part.
Finalement nous ne rejoindrons pas les Glénan mais notre mouillage bien à l’abri dans l’Aven après avoir pris soin d’éviter Basse Jaune et ses hauts fonds.
Nous prendrons notre bouée à 14H, biens fatigués mais heureux d’être arrivés.
Nous aurons parcouru 304 Milles en 53H15 avec 35H de moteur.
En conclusion, ce fut une croisière très agréable avec de magnifiques paysages. Le dépaysement est assuré par le mode de vie de nos cousins celtes qui est plus méridional que le nôtre, la barrière de la langue nous a un peu handicapés pour avoir plus de contacts, c’est promis on va se mettre à apprendre l’espagnol. Les rencontres avec les autres voiliers ont été nombreuses et précurseurs de ceux que nous espérons avoir plus tard si notre projet de tour d’Atlantique se réalise, à ce propos à l’escale aller de la Corogne on était totalement dans l’ambiance de ceux qui partent pour un long périple. Notre bateau nous a montré qu’il était bien adapté à un voyage au long cours à part notre grand voile que nous remplacerons par une sur chariot qui s’affalera facilement. Nous sommes aussi très satisfaits de notre autonomie électrique avec nos panneaux solaires et notre éolienne qui nous permettaient même de ne pas obligatoirement se brancher aux bornes des marinas tout en ayant toujours gardé le frigo en marche sauf la nuit. Le golfe de Gascogne nous a étonné par le nombre des mammifères marins rencontrés mais nous espérons que le peu de sensibilité des espagnols pour l’environnement ne gâchera pas ce sanctuaire, bien nous a pris de penser prendre une ligne à thon car la qualité gustative de ceux pêchés n’a rien à voir avec ceux achetés en poissonnerie et quel plaisir de remonter ce bel animal à bord.