samedi 27 mars 2010

Brésil deuxième partie

BRESIL deuxième partie

Le 19 février nous appareillons d'Itaparica pour Salvador puisque nous partons le lendemain en avion pour Iguaçu, notre décollage étant prévu à 6h30 le responsable de l'agence où nous avions acheté nos billets, Thiago Pereira, nous avait proposé de nous conduire lui-même à l'aéroport à 4h30 aussi c'est de bonne heure que nous nous couchons ce soir là. Une heure après alors que le sommeil commençait à venir, une voix nous appelait depuis le ponton, c'était Thiago qui venait nous avertir que le vol était modifié et que nous ne partirions qu'à 9h15, en conséquence il passerait nous prendre à 7h45.

Le lendemain matin nous étions à 7h45 pétantes devant les grilles de la marina à attendre Thiago. 8H personne, à 8h15 toujours personne, heureusement un taxi était là. Nous l'apprendrons au retour et il nous l'avouera tout penaud, c'était le retour du carnaval la veille et s'étant couché très tard il avait eu une panne d'oreiller.

Ce vol nous amena d'abord à Curitiba, plaque tournante aérienne au Brésil après trois heures de vol puis à Foz do Iguaçu une heure plus tard. Un taxi commandé par l'hôtel nous attendait et après y avoir déposé nos bagages nous nous rendions à l'office du tourisme. Il était trop tard pour visiter un des sites des chutes, par contre un son et lumière était organisé vers 20h au barrage d'Itaipu, ce qui tombait bien.

Barrage d'Itaipu Binational

Le barrage d'Itaipu est la plus grande centrale hydro-électrique du monde après le récent barrage des Trois Gorges en Chine. Il est situé sur le fleuve Parana constituant à cet endroit la frontière entre le Brésil et le Paraguay, d'où son nom de « Itaipu Binacional ». Son fonctionnement est assuré par des ingénieurs et techniciens des deux pays, il assure 90% de l'énergie consommée au Paraguay et 25% au Brésil. Sa production au travers des 20 unités (18 en permanence) est de 14000MW. Sa construction a nécessité en fer et acier l'équivalent de 380 Tour Eiffel et 15 fois plus de béton que le tunnel sous la Manche, c'est vraiment une construction gigantesque avec un lac de retenue de 1350Km². La construction de ce barrage a soulevé de nombreuses inquiétudes vis à vis de l'écologie et on voit bien que les visites très bien organisées s'efforcent de gommer ces critiques : création d'une échelle à poissons sur le côté et constitution d'une réserve naturelle protégée à proximité, visitable elle aussi. En tous cas l'illumination très progressive du barrage était impressionnante et nous espérons pouvoir visiter ses entrailles avant de partir.

Le déversoir



Le lendemain nous prenons le bus pour le « Parque Nacional », c'est à dire la visite des chutes côté brésilien. Là aussi tout est parfaitement organisé, on est conduit avec des bus à étage jusqu'au départ des sentiers qui surplombent la rivière, c'est de ce côté que l'on a les plus belles vues puisque la majorité des chutes se trouve côté argentin mais orientée vers le Brésil, une seule passerelle mais très impressionnante puisque située au milieu de la plus spectaculaire chute, celle de la Gorge du diable, 90m de haut, 700m de long. Il va sans dire que vaut mieux s'y promener en maillot de bain et avoir un appareil photo étanche vu les embruns! En arrivant avec l'avion on avait déjà eu un aperçu de ce site grandiose, mais là, avec le son et l'image plus l'humidité on a du mal à décrire le ressenti face à de telles forces de la nature. On voit aussi de gros Zodiac semi rigides avec une vingtaine de personnes à bord s'approcher au plus près du pied des chutes, c'est tentant mais bon on verra demain.

Une partie des chutes vue du côté brésilien


Il y a un animal omniprésent autour des chutes et du barrage, c'est un fourmillier avec un long museau et une queue de raton laveur, son poil est très doux et il se laisse très facilement approcher et caresser : le coati, mascotte de ces chutes que l'on retrouve en peluche comme emblème local.

Coati


L'apès midi sera consacrée à la visite du « Parque das Aves », parc de forêt tropicale de 17ha peuplé de magnifiques oiseaux plus colorés les uns que les autres, flamands roses, ibis rouges, aras et surtout les magnifiques toucans et leurs immenses becs multicolores, en tout 150 espèces enfermées c'est sûr, mais dans des volières hautes d'une dizaine de mètres et longues d'une trentaine à l'intérieur desquelles on pénètre pas des sas. Un émerveillement pour les petits enfants et même pour les grands enfants que nous sommes!

Magnifique Toucan


Pour parler un peu des découvertes culinaires brésiliennes, à côté des restaurants « au kilo » où l'on pèse son assiette une fois remplie au buffet dont je vous ai sans doute déjà parlé, nous avons testé ici pour la première fois le « Rodizio » de viandes, vous payez une somme forfaitaire qui vous donne droit au buffet à volonté et on vous donne un carton vert d'un côté et rouge de l'autre. Il y a une grande rôtisserie et les serveurs n'arrêtent pas de venir y chercher les quartiers de viande avec lesquels ils circulent parmi les tables, si votre carton est du côté vert ils vous découpent au dessus de votre assiette une belle tranche, ensuite le temps de la manger n'oubliez pas de retourner votre carton, vous pouvez manger autant de sortes de viandes grillées que vous voulez...ou que vous pouvez! Il existe aussi la même formule avec les pizzas, on n'a pas testé.

Le lendemain nous partons en Argentine de bonne heure car la visite est plus longue, à la frontière il nous faut descendre du bus et passer dans un bureau qui nous enregistre et met le tampon sur le passeport puis nous arrivons à Puerto Iguazu, il n'y a pas de différence notable entre celle-ci et une autre ville de même importance au Brésil, même type d'habitations et même niveau de vie. L'organisation de la visite nous semble plus simple, pas de bus mais un petit train, mais surtout une multitude de chemins pédestres prolongés par des passerelles au dessus de la plupart des chutes mais aussi au pied de celles-ci.

Chutes côté argentin

Tant qu'à faire nous avons pris un billet nous donnant droit à une descente en rafting cool dans un des bras en aval des chutes puis une virée dans les semi-rigides vus la veille depuis la rive brésilienne. La descente en rafting fut très calme et sans bruit dans la nature nous permettant de guetter un crocodile éventuel mais d'après notre guide le niveau de l'eau était trop bas, rassurez vous on s'est arrêtés avant les chutes mais au fur et à mesure qu'on s'en rapprochait leur bruit nous faisait imaginer la catastrophe s'il ne s'arrêtait pas avant!

Prise de vue dans le bateau au pied de la chute

Ensuite ce fut le grand moment d'émotion avec le semi-rigide, d'abord il vaut mieux se mettre en maillot de bain puis mettre toutes ses affaires dans un sac étanche qu'ils vous fournissent. Puis départ à donf avec les deux fois 200CV pour s'approcher de la première chute côté argentin, première douche je dirai moyenne, ensuite il va du côté brésilien se placer au pied de la chute de la Gorge du diable et là il s'y reprend à trois reprises s'approchant un peu plus à chaque fois et nous faisant subir l'effet d'une lance à incendie, on en revient contents et amusés comme des gamins, heureusement que les conducteurs connaissent tous les recoins, courants et contre-courants de ces chutes!

Nous ferons ensuite toutes les passerelles inférieures admirant les multiples chutes d'eau et un peu plus haut le belvédère de la chute Bossetti, mais le plus spectaculaire fut la passerelle supérieure longue de 500m au dessus des chutes de St Martin. Il faut s'imaginer le côté grandiose de l'ensemble du site, l'humidité permanente près des chutes et le bruit assourdissant de celles-ci, ce fut vraiment un spectacle inoubliable devant lequel on se sent tout petit.


Au retour, ayant oublié le chargeur de batteries de mon appareil photo, nous décidons d'essayer d'en trouver à Ciudad Del Este, le port franc paraguayen situé de l'autre côté du Parana. Le bus qui nous y amène est déjà particulièrement rustique par rapport aux bus brésiliens mais ce n'est rien à côté de ce que nous allons voir. Aussitôt traversé le pont on se croit arrivé dans un autre monde, passez moi l'expression c'est le « bordel », imaginez un boulevard de deux fois trois voies eh bien vous ne pouvez vous déplacer que sur deux de ces voies, celle de droite étant couverte d'immondices et de sacs poubelles. Le contraste est d 'autant plus saisissant que partout vous ne voyez que des pubs et des affiches pour tout ce qui est dernier cri en photo, hi-fi etc...Vous y êtes tout de suite abordé, presque harcelé, cela nous est apparu comme un « Andorre du tiers monde ». Peut-être que le fait d'y être en fin d'après midi justifiait que tout le monde mette ses poubelles et emballage dans la rue, malgré tout après être rentrés dans le premier magasin nous trouvions notre chargeur pour moins de 10 Euros et dix minutes après nous reprenions le bus pour rentrer au Brésil et retrouver un pays moins stressant.

Le lendemain matin le contraste était encore plus saisissant puisque nous participions à la visite technique cette fois-ci du barrage d'Itaipu. Coiffés de l'obligatoire casque de chantier nous avons pénétré dans les entrailles de la centrale hydro-électrique, là on nous a tout expliqué, abreuvé de chiffres plus impressionnants les uns que les autres et nous avons pu voir de très près à la toucher une des turbines ainsi que la salle de contrôle. C'est impressionnant et gigantesque dans une autre mesure que la visite des chutes.

Devant l'une des 20 turbines


L'après midi décollage pour Rio de Janeiro où nous atterrirons dans la soirée après un survol de la ville spectaculaire. Un bus nous amènera directement à notre hôtel dans le quartier de Flamengo.
Le lendemain nous profitons du beau temps pour monter en funiculaire au fameux Corcovado, et son immense statue du Christ rédempteur, d'après le guide du Routard une boutade populaire assure que si le Christ a les bras ouverts, c'est qu'il attend que les Cariocas (nom des habitants de Rio) se mettent à travailler pour applaudir!





Nous continuons notre visite en allant nous baigner l'après midi à Ipanema, pour nous sécher nous remontons la plage de Leblon et comme vous le savez nous aimons marcher donc du coup nous décidons de rentrer à pied à l'hôtel. Nous retraverserons Ipanema avant de longer la mythique Copacabana puis Botafogo et enfin Flamengo soit une douzaine de Kms sur la plage et le front de mer.

Ipanema

Bien nous en prit car le lendemain changement de temps, un bon coup de vent et de la pluie continue avec en plus une température chutant à 20°, nous avions froid et nous n'avions pas apporté de petite laine! Heureusement que nous avions des grands ponchos en PVC jaune pétant, vous nous auriez vus ainsi vêtus avec en plus pour Annick des croks corail et moi des orange, de vrais extra-terrestres, le carnaval était fini mais tout le monde nous regardait! Cependant plus moyen par manque de visibilité de monter au Pain de sucre, nous nous rabattons donc sur la vieille ville et le quartier de Santa Teresa accessible en tramway style Lisbonne, le tout charmant mais sous la pluie ce n'est pas top.

Le "Bonde" tramway reliant Lapa à Santa Teresa

Le lendemain matin le ciel se dégageait un peu nous permettant de nous précipiter vers ce « Pao de Azucar », nous étions les premiers clients des deux téléphériques qui y montent en deux étapes, malgré la mauvaise visibilité, nous sommes quand même parvenus à voir toute la baie avec notre fameux porte avion Foch qui a été racheté par le Brésil au mouillage.

Quartier et plage de Botafogo avec le Corcovado au fond


Nous qui pensions rester cinq jours à Rio nous décidons d 'aller voir ailleurs et bien nous en prit. En effet un peu plus au sud se trouve la baie d'Angra et Paraty avec l'île d'Ilha Grande. L'après midi nous prenons donc un nouveau bus pour deux heures de trajet, nous y rencontrerons Suzanna biologiste à Rio et parlant français rentrant en week-end dans son île, elle nous fera raccourcir le trajet d'une demie-heure en prenant une lancha dans un petit port à côté de Mangaratiba. Après une heure et demie de traversée nous débarquons à Vila do Abraao le port d'Ilha Grande et elle nous introduit dans la Pousada de Gérard Massé un français parrain de sa fille où nous trouvons une chambre très agréable avec vue sur le port. Suzanna et son mari photographe sont d'ailleurs les auteurs d'un guide des chemins de randonnée de l'île et ont retapé une habitation au pied du phare à la pointe NE de l'île.

Vila do Abraao à Ilha Grande

Le lendemain nous ferons une grande balade à travers la forêt tropicale pour rejoindre la fameuse plage de Lopez Mendes en longeant des petites criques et plages propices au mouillages des voiliers, il faut dire que 9 bateaux du RIDS dont nos amis d'Alazado y sont descendus mais nous n'en avons vu que un au mouillage. Cette île de 193m² regorge de criques et est encore recouverte de la fameuse « Mata Atlantica », forêt primaire partout ailleurs déforestée. On s'y déplace principalement en lancha car les sentiers sont très abrupts, les seules « routes » sont en sable dans le village et il n'y a pas de voitures, un petit paradis.

Gros rouleaux à Lopez Mendes


Nous regagnons Rio le dimanche 28 février pour reprendre l'avion de Salvador, cette fois Thiago nous attendra à l'aéroport et se confondra en excuses pour son rendez vous raté.

Le départ vers le nord approche et à cet effet, une fois les formalités de départ de l'état de Bahia effectuées le lundi matin nous retrouverons avec plaisir la quiétude d'Itaparica où nous carènerons une nouvelle fois Retour de galbord. Nous y resterons une douzaine de jours en guettant une fenêtre météo nous permettant de remonter vers Récife.

"Lancha" au quai d'Itaparica

Les vents d'Est se dessinneront à partir du dimanche 14 et nous partirons dès six heures du matin, le départ sera laborieux avec vent et courant dans le nez, ce n'est que le lendemain après s'être dégagés de la côte que nous ne ressentirons plus l'effet de ces derniers et cette remontée se fera dans des petits airs nous obligeant à utiliser beaucoup le moteur, il y aura aussi beaucoup de cargos à éviter facilement grâce à l'AIS. Nous arriverons le vendredi matin au nord de Récife à Jacaré où deux français ont créé une petite marina à l'ambiance très agréable où se retrouvent tous les navigateurs qui remontent comme nous ou qui descendent vers le sud.

Même les chevaux traversent le rio à Jacaré

Ce port est situé dans un rio débouchant à Cabedelo et à proximité de la capitale de l'état du Paraiba : Joao Pessoa. La particularité de ce port est que tous les soirs au soleil couchant un saxophoniste arrive dans une barque devant les cafés restaurants bordant la rive et joue le Boléro de Ravel suivi de l'Ave Maria de Schubert et tenez vous bien il a dépassé les 2000 représentations, il figure dans le livre des records et a représenté le Brésil à Paris lors d'une manifestation musicale.

Jurandy Do Sax joue le Boléro de Ravel

Voilà, nous partons dimanche 21 pour Cayenne, quittant le Brésil après trois mois de croisière et visites, c'est sûr que ce pays de contrastes restera un souvenir fort dans notre périple entamé voici neuf mois, mais il faut avancer et on a quand même hâte de retrouver les Antilles et ses eaux turquoises.

A bientôt.