dimanche 9 juin 2013

Bermudes

Nous sommes début mai, des pluies diluviennes et des orages passent sur St John's River mais l'heure du départ approche. Cet hiver, lors du stage météo STW suivi à La Rochelle, j'avais fait connaissance de Michel le formateur qui assure également le routage des plaisanciers sur les grandes traversées; autant la celle de l'aller au rythme des alizés était relativement facile, autant le retour dans l'atlantique nord peut réserver des surprises, du coup je me suis assuré de ses services.

Ce lundi 6 mai, la tendance météo semble confirmer une possibilité de départ assez proche, aussi nous quittons le chantier de Green Cove Springs pour descendre le fleuve jusqu'à Jacksonville où un ponton visiteur est installé au coeur de la ville. Le lendemain matin un mail de Michel nous confirme des bonnes conditions pour démarrer la traversée d'un peu plus de 900 milles nautiques jusqu'au Bermudes et nous quittons Jax en fin de matinée avec la marée descendante car il nous reste une vingtaine de milles avant de rejoindre la pleine mer.



La traversée se fera avec un vent portant faible au début puis plus soutenu jusqu'au 13 mai où à 131mn de l'arrivée, une dépression orageuse est annoncée sur l'archipel pour le lendemain soir, du coup nous décidons de réduire la voilure afin de laisser passer le mauvais temps ce qui nous fera arriver le 15 en début d'après-midi.

Un petit rappel historique sur cet archipel de 123 petites îles de corail les plus au nord dans l'atlantique dont les quatre principales sont habitées et reliées par des ponts. Elles furent découvertes en 1515 par Juan de Bermudez qui leur donna son nom mais les premiers habitants furent des anglais suite au naufrage de leur bateau sur les récifs en 1609. Ils fondèrent St George en 1612 et l'archipel devint britannique en 1707. Il servit de base militaire alliée pendant la seconde guerre mondiale. C'est actuellement un paradis fiscal surnommé la "Petite Suisse de l'Atlantique".

On accède à St George, qui a été supplanté par Hamilton en tant que capitale, par un passage très étroit, le "Town cut" qui donne l'accès à une magnifique baie, abri parfait en tant que mouillage.


Nous y resterons une semaine qui nous permettra de découvrir ce petit bout d'Angleterre très américanisé, tous les produits viennent des USA et un dollar bermudien existe mais aucun problème pour payer avec nos dollars US, les commerçants nous rendant même la monnaie en pièces américaines. Par contre on sent qu'on est dans des îles bien isolées en constatant le prix très élevé des marchandises.

C'est une escale très agréable sur la route des Açores et beaucoup de bateaux viennent de St Martin, cela leur rallonge la route mais leur permet de faire moins de près serré pour le retour. On y retrouve beaucoup de français et d'européens du nord. Certains ont subi des durs coups de vent, on constatera un bateau démâté et trois enrouleurs de génois en miettes.

Malgré la petitesse de cet archipel, les anglais avaient construit en 1931 une ligne de chemin de fer de 35kms du nord au sud qui fut à son époque au km, la voie ferrée la plus chère à construire au monde. Elle ne dura que jusqu'en 1948 et comprenait beaucoup de ponts afin de franchir les bras de mer et les passages entre les îles. Heureusement le tracé a été reconverti en chemin de randonnée et nous avons pu en parcourir une partie.

la ligne de chemin de fer passait sur ces plots
La capitale actuelle, Hamilton, manque d'intérêt, beaucoup de commerces de luxe attirant la clientèle américaine des paquebots et des immeubles de banques ou sièges sociaux de sociétés off-shore à la sortie desquels on croise souvent des hommes d'affaires en cravate et bermuda avec chaussettes hautes, tout le symbole de ce petit pays!


Mais ce jeudi 23 mai une fenêtre météo s'ouvre et nous en profitons pour quitter le continent américain, environ 1700 milles nautiques au nord-est se trouve l'Europe avec les Açores et Flores comme première escale.