mercredi 26 août 2009

Le Portugal

Finalement, nous ne partons pas encore cette semaine pour Madère car les dernières prévisions météo ne sont pas du tout favorables pour la fin du parcours, en effet nous avons quand même 4 à 5 jours de navigation et on préfère attendre d'avoir de bonnes conditions surtout de houle qui sera forte à partir de jeudi
Etant revenus à Ayamonte où j'ai une faible connection internet, j'en profite pour revenir vous conter notre croisière au Portugal après Povoa de Varzim.


Beaucoup d'engins de pêche le long de la côte portugaise

Nous quittons Povoa le 24 pour Leixoes, petite navigation de 15Mn qui nous permettra le lendemain d'entrer dans la ria d'Aveiro avec la marée montante et de mouiller devant le village de Sao Jacinto en compagnie de "Civelle" magnifique bateau de Camaret et de "Magic" l'Ovni de Martine et Gilles.

Civelle sous spi
Le 26, brève escale à Figueira da Foz, station balnéaire sans charme avant d'appareiller pour Nazaré. L'entrée du port est très particulière car c'est un port artificiel creusé dans les marais du bout de la magnifique plage, en venant du nord on passe progressivement sur des fonds de 15 à 20 mètres puis tout à coup on passe sur une fosse de 100m avant qu'ils remontent d'un coup à l'entrée. Le port de plaisance est géré par un couple de plaisanciers anglais Mr et Mrs Hadley, Michael le mari parle avec un accent effroyable très difficile à comprendre.

La plage de Nazaré vue du Sitio avec au fond le port
 Nous profitons de la position centrale de Nazaré pour louer une voiture et visiter un peu l'intérieur du pays. C'est ainsi que le 29, nous partons pour Coimbra vieille ville universitaire, la plus importante du Portugal puis nous visiterons le "Convento do Christo" château-abbaye des Templiers à Tomar, passage rapide à Fatima avec son immense esplanade où les pélerins terminent à genoux leur pélérinage. Nous finirons la journée par Batalha et son monastère chef d'oeuvre de l'art gothique.

Le monastère de Batalha

Le 30 juillet, nous rallions sans histoires Peniche après être passés entre les îles Berlingas et la pointe Carvoeiro, normalement nous devons y retrouver Thierry et Julie qui arrivent directement de Lorient, Thierry est un ancien cadre d'Espace Emeraude qui a quitté son emploi il y a deux ans pour naviguer en Grande Bretagne et en Irlande et qui pense rallier la méditerranée. Nous, étant au Portugal et lui longeant ces côtes, il aurait été dommage de ne pas se retrouver sur la route. Malheureusement il a été retardé par un coup de vent près de la Corogne et les retrouvailles ne se feront qu'à Lisbonne.

Passage du Cabo Carvoeiro avant Peniche
N'ayant pas encore eu connaissance de cette info nous profitons de Peniche, surtout que c'est la fête annuelle de la « Senhora de Boa Viagem » et le samedi soir il y aura un grand défilé dans le port des bateaux des pêcheurs décorés artistiquement de guirlandes électriques le tout ponctué d'un grand feu d'artifice. Nous visiterons également le château très ancien mais qui du temps du dictateur Salazar a servi de prison politique, assez édifiant. Nous ferons aussi connaissance d'un couple de Plouha qui remontait avec leur voilier et après cinq minutes de discussion j'ai deviné que c'était les gens dont Nicole, ma belle-soeur m'avait donné l'adresse de leur site pour voir leur périple atlantique effectué quelques années avant. Le monde est petit et les bretons naviguent, car à part un bateau, tous les français rencontrés depuis Lisbonne ont le « Gwen ha du » dans les barres de flèches... sacré race!

La forteresse de Peniche - le bâtiment blanc abritait sous Salazar les prisonniers politiques
J'oubliais de vous parler du pilote, après un dernier réglage dirigé téléphoniquement avec Port la Forêt, il barre merveilleusement et beaucoup plus précisément que l'ancien, peut-être que ce fut un mal pour un bien.
Dimanche 2 août départ pour l'entrée du Tage avec un arrêt à Cascais d'où il était possible de se rendre à Lisbonne en train, mais nous préférons le faire avec le bateau et juste en passant la fameuse « Torre de Belem », ma cousine Marie Thérèse et Paul nous appellent sur le portable, ils ont eu du coup nos impressions en direct et pour y être allés plusieurs fois ils nous ont décrit le bel édifice : « Mosteiro dos Jeronimos » qui s'étend derrière. Après avoir passé le grand pont du 25 avril nous pénétrons dans la « Doca Alcantara » marina très bruyante du fait de la proximité du pont et du survol des avions atterrissant, mais qui a l'avantage d'être à proximité du centre ville.

Entrée magnifique à Lisbonne par le Tage et sa célèbre "Torre de Belem"
Lisbonne est une ville très curieuse, avec des collines où sont perchées de nombreuses églises et un château d'où on a de magnifiques panoramas, on n'a pas manqué d'emprunter les fameux tramways qui montent et qui descendent les ruelles tortueuses en nous demandant s'ils arriveront à s'arrêter. C'est aussi une ville de contrastes entre les vieux quartiers pittoresques et la ville nouvelle du « Parc des Nations » construite pour l'expo universelle de 1998 et qui se veut très avangardiste.

Vue sur Lisbonne de l'Igreja da Gracia, à gauche le Castelo Sao Jorge, au fond le pont du 25 avril
Finalement Thierry et Julie sur leur fidèle « Cool Daddy » jaune nous rejoindront le mardi soir à 23H, nous déboucherons avec eux la bouteille de champagne prévue pour la sainte Anne et mon anniversaire qu'on a pas osé boire à deux! Et Annick leur avait préparé ses fameux spaghettis bolognaises, nous mangerons tous les quatre de bon appétit mais quelques jours plus tard ils nous avoueront qu'ils avaient dèjà dîné, mais c'est bien connu la mer ça creuse!

Le Lisbonne moderne de l'exposition universelle de 1998
Nous laisserons l'équipage de notre « bateau-copain » découvrir à leur tour la capitale portuguaise en nous donnant rendez-vous avant le passage du cap Saint Vincent. Nous rejoindrons un magnifique mouillage entre Sesimbra et Setubal : Portinho de Arrabida, très venté par contre mais considéré d'après le guide nautique comme « l'un des plus spectaculaires mouillage du Portugal ».

Portinho de Arrabida

Nous rejoindrons « Cool Daddy » à Sinès pour franchir le lendemain le fameux cap Saint Vincent, comme dit notre voisin Jean Sellin, « tu vois Josic, il y a 360 milles nautiques de chez nous au Cap Finisterre et il y a 360 mille nautiques entre le Cap Finisterre et le Cap Saint Vincent » c'est bien vrai Jean, on l'a vérifié! Passé le cap on mouillera dans la baie de Sagres où nous retrouverons un bateau connu à Leixoes : « Magic » un Ovni 36 avec Gilles et Martine qui ont déjà fait la traversée de l'atlantique. Les trois bateaux se retrouveront à Lagos où notre fils Yves nous rejoindra le mardi après midi.

Passage du Cap Saint Vincent
On nous avait bien dit que les températures changeraient en Algarve et cela se confirme, on est obligé de baisser la capote, de mettre en place le bimini installé à Baiona, de laisser tous les capots ouverts et de mettre la manche à air multi-positions avec la drisse de spi, il faut dire que après des températures similaires à notre chère Bretagne, on passe d'un coup à 30-35°, un avant goût des tropiques.

Dégustation de fruits de mer à Lagos avec l'équipage de "Cool daddy"
La côte de l'Algarve entre le cap Saint Vincent et la lagune de Faro est escarpée avec des falaises de calcaire que la mer sculpte artistiquement en grottes ou pitons détachés dont on peut faire le tour en petites embarcations, mais aussi à l'embouchure des rios il existe de belles lagunes telle celle d'Alvor tout à côté de Lagos. C'est par elle que nous commençons avec notre fils la découverte de l'Algarve. C'est un peu comme si une rivière traversait les Glénan à marée basse, il y a un chenal asséchant par endroits et de grands bancs de sable, l'avantage surtout pour un dériveur intégral c'est qu'ils sont totalement protégés de la houle du large.

Le mouillage d'Alvor

De là nous gagnerons directement la lagune de Faro-Olhao qui est beaucoup plus grande avec des îles telles que celle de Culatra où demeure une tribu d'adeptes des plans Wharram, sortes de catamarans polynésiens en construction amateur, et nous discutons avec un italien qui a construit lui-même son Pahi 42 et qui a des idées bien arrêtées sur ces bateaux, Yves qui rêve de se construire un Tiki 21 est aux anges...

Le clan des Wharram à Culatra
Nous avions été abordés à Nazaré par un portugais parlant parfaitement le français qui avait reconnu du premier coup d'oeil notre bateau comme étant un Chatam/Atlantis et en nous disant que si on passait à Villamoura son collègue nous ferait visiter le Chatam 50 qu'ils avaient construit ensemble. Passant devant ce port, nous nous sommes donc arrêtés bien que ce soit un endroit pour les milliardaires, 9 bateaux sur 10 sont de gros yachts à moteur et nous nous sentions petits et ridicules avec nos 11 mètres. Nous avons trouvé Joao et son bateau avec lequel il fait du charter, c'est le grand frère de Galbord mais ses aménagements intérieurs sont très sommaires, il nous donnera rendez vous le lendemain dans une crique pour un repas sardines grillées sur la plage, malheureusement nous serons en retard d'une heure faute de vent et c'est lui qui viendra boire le café à bord, il trouvera très chouette notre intérieur, c'est vrai que c'est une finition « chantier ». De plus il nous donne une adresse à Madère d'un copain à lui.

Les grottes dans les falaises calcaires entre Vilamoura et Portimao

Yves n'aura pas trouvé de vagues en Algarve malgré les deux surfs transportés à bord pendant cette petite semaine, il retrouvera son fourgon à Lagos et ira les chercher en rentrant en Galice, c'était une semaine sympa avec presque la moitié de la famille.

Yves et Annick se baignent dans la ria d'Alvor


Nous repartirons vers l'Est avec comme but la rivière Guadiana, en chemin à Culatra nous retrouverons Gilles et Martine de « Magic » avec qui nous irons dans une autre lagune plus petite, celle de Tavira, puis ce sera l'embouchure du Guadiana rivière séparant le Portugal de l'Espagne. Nous choisirons le port d'Ayamonte côté espagnol plutôt que celui de Villaréal côté portugais car moins affecté par les courants.

Le pont enjambant le Guadiana et reliant les deux pays

Il y a 20 milles nautiques entre l'embouchure et Alcoutim terme de notre remontée, avec au début le passage sous le pont qui relie les deux pays. Suivant les guides nautiques sa hauteur est de 18 ou 20 mètres, notre tirant d'air étant de 16m, c'est avec un peu d'appréhension que nous le passons et il est très difficile d'avoir une vision objective de l'écart là haut. Au début il y a des marais des deux côtés avec beaucoup d'oiseaux dont des cigognes qui sont assez nombreuses, puis la vallée devient plus encaissée avec des ruines de maisons de douaniers des deux côtés régulièrement, quelques villages jalonnent le parcours avec devant chacun des voiliers anglais ou allemands qui hivernent et attendent que leur propriétaire vienne enfin à bord.

Sanlucar et son fort vu d'Alcoutim

Enfin nous arrivons à Alcoutim du côté portugais et Sanlucar du côté espagnol, nous prenons une bouée car une régate de plus de 100 bateaux de toutes taille arrive le samedi et visitons les deux villages. Alcoutim est plus vivante et variée, Sanlucar toute blanche et très propre, mais on sent qu'elles rivalisent continuellement pour les animations diverses, ainsi ce soir là il y avait la régate et un méga-concert côté portugais et une course de vélo très animée côté espagnol, bref on avait des distractions.

Votre serviteur profitant du wifi public à Alcoutim
Dimanche 23 nous sommes redescendus à Ayamonte avec la marée descendante et nous nous sommes aperçus qu'il valait mieux différer notre départ et retourner à Lagos non sans avoir profité d'être en Espagne pour aller demain mercredi visiter Séville avec le bus.

Voilà nos dernières nouvelles, en espérant que les prochaines vous seront données depuis Madère.

Annick et Josic.