Notre ami Jean Pierre sur « Alya » nous suit car il a son pilote automatique en panne et son radar qui fonctionne d'une manière aléatoire, heureusement qu'il a un régulateur d'allure mécanique. Il pense réparer le tout à Trinidad où il « hivernera »son bateau. Nous serons donc complémentaires durant cette étape, nous, en lui assurant une veille des cargos grâce à notre AIS et lui, nous fournissant des infos météo dont il est fana et très compétent, nous adapterons donc l'allure de nos bateaux afin de rester à portée de VHF voire de vue dans la mesure du possible.
Alya |
Cette traversée de plus de 1300Mn bénéficie théoriquement d'un courant portant de 1 à 3 nds, en fait il sera de près d'un noeud, sauf la dernière journée près des côtes de Guyane où il sera plus fort. Nous devons aussi sur ce parcours repasser l'équateur et la ZIC (Zone de convergence intertropicale) autrement dit le pot au noir.
Des hauts fonds situés au dessus de la côte nord-est brésilienne et l'obligation d'être dans des fonds de 100m minimum pour ne pas rencontrer des pêcheurs la nuit nous empêcheront de tirer tout droit une fois passé la pointe extrême Est, cela nous contraindra à effectuer quelques empannages.
Une fois passé cette pointe, nous bénéficions de bons vents soutenus jusqu'à l'équateur avec le passage de très gros grains nous obligeant à réduire très rapidement la voilure. Le 2 avril Jean Pierre nous dit avoir vu de très près une baleine alors qu'au moins une cinquantaine de dauphins nous faisaient la fête, nous n'en avions jamais vu autant.
Le 3 nous entrons en contact VHF avec « Emata », catamaran occupé par des norvégiens alors qu'un gros orage se déclenche et la foudre tombera tout près d' »Alya ». Nous passerons la ligne à 4h12 le 4 avril. Le 7, nous entendons « La Françoise » appeler « Emata », nous connaissons Michel et Audrey leurs occupants depuis Salvador et ils nous disent venir de Fortaleza et aller dans l'Oyapock fleuve représentant la frontière entre le Brésil et la Guyane, on les entend parfaitement et pour cause, à 11h ils nous dépassent, faut dire qu'il s'agit d'un catamaran de 40 pieds en strip-planking bien taillé pour la vitesse.
Michel nous ayant appris que le lancement d'Ariane 5 prévu fin mars serait à nouveau tenté le 9, nous reprenons espoir de pouvoir y assister, aussi cette matinée du 8 sera occupée à prévoir notre arrivée en Guyane et l'éventuelle vue du départ. Je ne vous l'ai pas encore dit mais deux raisons, en plus de l'aspect découverte du pays, nous poussaient à nous y arrêter. La plus ancienne était que le frère de Gérard, mon premier collaborateur lors de l'installation de mon magasin « Mat Service » à l'époque, demeure à Cayenne, y possède une entreprise de mécanique générale et y est arrivé en voilier. La deuxième est que Béatrice, notre nièce, est à Kourou avec Erwan, son compagnon qui est chargé par l'Apave de vérifier la conformité du pas de tir des fusées russes Soyouz.
Grâce au téléphone satellite Iridium et les mails passés par lui, nous apprenons que le tir aura lieu à 18h, ce qui nous laisse une chance d'y assister d'autant plus que Jo, le frère de Gérard, nous propose gentiment de nous prêter un véhicule pour aller à Kourou si on débarque à Dégrad des Cannes, le port de Cayenne. Les autorités interdisant l'accès au port de Kourou à partir de 13h et la zone au large étant interdite à la navigation, Jean Pierre qui voulait se rendre directement au Suriname et qui est très fatigué de sa navigation en solitaire se décide à nous suivre à Dégrad.
Vers 19h on est surpris de voir des poissons sauter à l'arrière du bateau, je mets aussitôt une ligne à l'eau et à peine déroulée je sens une prise, ce sera un magnifique thazard, le repas d'arrivée sera assuré. A 7h du matin nous contournerons la bouée d'entrée du chenal du fleuve Mahoury menant au port de Dégrad des Cannes. Il existe deux pontons occupés en permanence par des voiliers dont les propriétaires y vivent en permanence et travaillent dans la région. Nos amis de « Tahaa-Tiva » Christian et Martine passés une quinzaine de jours plus tôt nous avaient avertis que ce n'était pas gagné d'avance d'y trouver une place.
Nous avons donc d'abord mouillé notre ancre malgré un courant très fort et après avoir gonflé l'annexe Jean Pierre et moi sommes allés parlementer avec les occupants des pontons, Jo que j'avais prévenu me permettait de mettre mon bateau à couple du sien tandis que Jean Pierre pouvait se mettre à couple d'un Sun Legende 41 occupé par un Lannionais déjà rencontré à Jacaré. A l'étale les deux bateaux étaient rangés et nous pouvions tous trois déguster notre poisson arrosé de notre dernière bouteille de vin blanc de Lanzarote débouchée pour fêter notre retour en France!
Nous avons donc d'abord mouillé notre ancre malgré un courant très fort et après avoir gonflé l'annexe Jean Pierre et moi sommes allés parlementer avec les occupants des pontons, Jo que j'avais prévenu me permettait de mettre mon bateau à couple du sien tandis que Jean Pierre pouvait se mettre à couple d'un Sun Legende 41 occupé par un Lannionais déjà rencontré à Jacaré. A l'étale les deux bateaux étaient rangés et nous pouvions tous trois déguster notre poisson arrosé de notre dernière bouteille de vin blanc de Lanzarote débouchée pour fêter notre retour en France!
A nous le départ d'Ariane 5! Grâce à l'amabilité de Jo, après 11 jours de mer, je saute pour la première fois dans un 4x4 plus tout jeune avec Annick et Jean Pierre pour aller assister au décollage d'une fusée, un petit peu brutal le retour sur terre! Grâce aux indications de Béatrice nous arrivons presqu'une heure en avance sur le site officiel de Carapa, maheureusement le compte à rebours sera interrompu deux fois pour être finalement arrêté et le lancement reporté à une autre date, c'était le troisième essai. Dommage pour nous.
Le lendemain nous réussissons à louer une voiture à l'aéroport et notre première « excursion » sera d'aller faire nos courses au Géant Casino tout proche et de retrouver avec plaisir tous les bons produits français frais dont nous étions privés depuis près de dix mois
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En Guyane cohabitent de nombreuses personnes venant d'autres pays, comme au Cap Vert nous retrouvons les chinois dans de nombreux commerces : bazars, restaurants et un nombre impressionnant d'alimentations telles que 8 à 8, Spar etc...qui sont évidemment ouverts presque tout le temps. A côté d'eux on rencontre des indiens, des surinamiens, des brésiliens mais la population qui nous a surpris le plus ce sont les hmongs. Il s'agit d'une ethnie du sud-est asiatique rejetée par ces pays et qui à la fin de la guerre du Vietnam a été accueillie par certains gouvernements et dans notre cas la France leur a proposé de s'installer en Guyane puisque le climat ressemblait beaucoup au leur. En quelques années ils sont devenus ici les principaux producteurs de fruits et légumes, ils sont très solidaires et organisés et à voir leurs tracteurs derniers cri et leurs 4x4 rutilants on voit qu'ils ont bien profité des subventions européennes. Ils organisent tous les dimanches un marché dans leur fief de Cacao où nous leur rendrons visite.
C'est un village au sud de Cayenne sur la route de St George de l'Oyapock, on y accède par une route complètement défoncée, il faut dire que c'est en pleine forêt et qu'il y a des exploitations forestières sur la route avec des tracteurs débardeurs. Une fois arrivés on se retrouve dans un vrai village avec église et une grande halle en bois où l'on trouve tous les fruits et légumes du coin et aussi plusieurs restaurants spécialisés dans les plats asiatiques absolument délicieux, le tout arrosé de jus locaux ou même de bière chinoise. Il y a aussi de l'artisanat de leur contrée d'origine. A côté de tout cela nous ne sommes pas étonnés de voir flotter le « Gwenn ha du », en effet un morlaisien, Gwen, y tient le bistrot-macdo-cyber du coin, rendez vous incontournable de la jeunesse hmong, nous sommes étonnés de ne pas voir de crêpes à la carte, mais il nous assure que c'est pour bientôt.
Le marché Hmong de Cacao |
Un autre jour nous irons vers le nord, première escale Kourou avec la visite du Centre Spatial Guyanais, nous y arrivions quatre jours après l'échec du lancement et on sentait la déception d'autant plus d'après leurs dires qu'ils étaient obligés de faire appel à la « Task Force » venant de Paris pour solutionner le problème. La fusée avait regagné son hangar et un gros semi-remorque transférait le carburant, c'est sûr que le lancement ne serait pas pour tout de suite. Ceci dit la visite est fort intéressante et nous permet de mieux comprendre cet immense complexe initié par le Général de Gaulle après l'indépendance de l'Algérie. Le soir nous retrouvions Béatrice et Erwan qui nous passa un diaporama sur la construction du pas de tir des fusées Soyouz dont il supervise la conformité. Dîner dans un « lolo » au village Saramaca avec d'excellentes brochettes.
Le lendemain, direction Saint Laurent du Maroni tout au nord, au bord du fleuve éponyme séparant la
Le 21 en début d'après midi nous levons l'ancre car la houle s'est levée et le mouillage devenait pénible. Nous quittons l'Amérique du Sud pour les Caraïbes.
Guyane française de l'ex Guyane hollandaise, le Suriname. Une ville coloniale agréable dont les principaux édifices ont été construits par les bagnards puisque le fameux « Camp de la Déportation » assurait une main
d'oeuvre bon marché et inépuisable. Nous visitons donc ce camp avec un guide très volubile mais qui nous fait bien revivre ce moment douloureux de notre histoire. Le retour se fera par la plage des Hattes à l'embouchure du fleuve où nous verrons les traces de l'enfouissement de leurs oeufs par les tortues Luth qui y viennent la nuit.
La cour de la guillotine à l'intérieur du Camp de la Déportation |
La plage des Hattes et l'embouchure du Maroni |
Nous visiterons bien sûr Cayenne, avec la magnifique place des Palmistes, les beaux bâtiments coloniaux comme l'Hôtel de ville, mais nous serons quand même déçus de ne plus y voir la mer, l'envasement est tel que c'est une vraie mangrove qui a envahi le front de mer, de même qu'il n'y a plus d'eau au pied des quais du vieux port alors que d'après leur taille on imagine qu'il y eut les siècles passés beaucoup de trafic. C'est de ces quais que nous apercevons « La Françoise » au mouillage presque au milieu du fleuve, il y était rentré de nuit en remontant de l'Oyapock avec à l'embouchure 50 cms d'eau sous ses flotteurs!
Notre QG Wifi sur la place des Palmistes |
La fin du séjour guyanais sera consacré à Jo et sa famille, visite de son entreprise très bien équipée de machines-outils, apéro chez lui et bon dîner au restaurant de spécialités créoles. Le lendemain sortie à l'Ilet la Mère avec nos deux bateaux, Jean Pierre nous quittant pour le Suriname. Cet îlet servit autre fois à l'Institut Pasteur pour expérimenter différents vaccins de maladies tropicales sur des petits singes qui y sont toujours présents. Nous débarquons donc pour se balader parmi une très belle végétation et faire un super barbecue de picanha, viande de boeuf brésilienne dont Jo se fournit au marché de Cayenne. Après une petite sieste Jo et ses invités regagneront leur bord pour remonter à Dégrad tandis que nous resterons seuls au mouillage très calme avec de temps en temps le bruit des noix de coco tombant sur les tôles des carbets, sans doute détachées par ces mêmes singes.
Jo et Ivonete, nos hôtes |
Les singes sont toujours là à l'Ilet La Mère |
Le lendemain, petite navigation de 35Mn pour rallier les Iles du Salut au cours de laquelle nous pêcherons un « Spanish Mackerel » et nous serons interpellés par les Douanes pour contrôle de notre itinéraire. Par contre de temps en temps nous constatons avec inquiétude que le signal GPS de notre traceur décroche. A l'arrivée nous retrouvons « La Françoise » , Michel et Audrey viendront prendre l'apéro à notre bord. Je profite de l'eau relativement claire pour caréner une partie de la coque en apnée, il y a plein de concrétions qui ralentissent le bateau et l'antifouling n'est plus efficace.
Les ïles du Salut sont au nombre de trois, l'île Royale, l'île St Joseph et l'île du Diable, toutes trois ont accueilli des installations pénitentiaires. La plus grande est l'île Royale où se trouvaient en plus du pénitentier, la chapelle, l'hôpital et l'administration. Le Centre National d'Etudes Spatiales propriétaire de l'archipel y a fait et continue à y faire d'importants travaux de restauration comme la rénovation de la chapelle et la transformation des bâtiments administratifs en un hôtel restaurant très agréable. Afin de suivre le lancement des fusées il y a aussi installé un cinétélescope.
Les installations pénitentiaires sur l'île St Joseph sont beaucoup plus envahies par la végétation et des légionnaires chargés de l'évacuation des îles lors des tirs y demeurent. L'île du Diable, où était reclus Dreyfus n'est pas visitable et est entourée de courants très violents
L'île Saint Joseph vue de l'île Royale |